Sr. Maria Francesca avec une fille de la communautéLe don de soigner et de guérir de notre Mère Françoise Schervier peut être apporté toujours et partout, sans limites.
C’est une rencontre entre des vies blessées, marquées par l’échec ou par le mal, choisi ou subi, et une présence : être là comme une sœur et une mère, mais surtout comme une compagne de route. Une présence ferme et sereine, qui sait prendre soin des autres et se faire une place dans leurs cœurs.
Depuis près de deux ans, à Pistoia, je travaille dans une communauté de rétablissement pour les femmes ayant des problèmes de drogue, d’alcool ou autres dépendances. C’est une communauté « spécialisée » dans l’accueil des mères célibataires.
Dans beaucoup de cas, ces filles avec leurs jeunes enfants sont là par arrêt du tribunal des mineurs qui leur impose un programme de rétablissement dans une communauté thérapeutique, visant à la réadaptation personnelle et à la protection de l’enfant. Elles arrivent en colère, ravagées, n’ayant ni un sens dans la vie ni des perspectives.
La communauté « Casa dei Glicini » vue de la grille d’entréeL’expérience qu’elles vivent, c’est celle d’un giron, composé du personnel et de la communauté des filles elles-mêmes, qui accueille, accompagne et aide à grandir.
C’est ce qu’atteste la « Philosophie » qui anime ce chemin et que les filles, comme dans une prière, récitent ensemble chaque jour :
« Nous sommes ici parce qu’il n’y a pas de refuge où nous pouvons nous cacher de nous-mêmes. Tant qu’une personne ne s’affronte pas, dans les yeux et le cœur des autres, elle fuit (…)
Ici, ensemble, une personne peut, à la fin, se manifester clairement à elle-même, comme faisant partie d’un tout avec sa contribution à offrir. Sur ce terrain nous pouvons nous enraciner et grandir, non plus seules, comme dans la mort, mais vivre pour nous-mêmes et pour les autres. »
Ce qui se passe en ce lieu, c’est un chemin de transformation qui connaît souvent des moments de crise, des arrêts, des rechutes. On ne parvient pas toujours, par incapacité ou par refus du changement, à accompagner vers une vie qui sait se réjouir de la transformation et célébrer le changement. Quelques-unes d’entre elles se sont échappées de la communauté, abandonnant le programme et leur propre enfant, qui a été pris en charge par les services sociaux et le tribunal des mineurs.
Nous sommes aussi témoins de la transformation. Comme dans le cas d’Esther qui est retournée vivre chez elle, avec la perspective d’un emploi. Après elle, d’autres mères découvrent à la fin du parcours de nouvelles capacités et de nouveaux intérêts. Nous les voyons changer et avoir une nouvelle lumière dans les yeux.
Pendant que celles-ci retrouvent le souffle de la vie, et craintives, se tournent vers l’extérieur, d’autres arrivent pour commencer leur cheminement. Et l’histoire continue....
Sr. Maria Francesca Musumeci, SFP
Publié : 26/07/2019