L'une des activités que la Caritas diocésaine a ouvert en 2016 en collaboration avec la municipalité d'Assise est le Magasin Solidaire «7 Ceste (Sept paniers) », auquel j'ai immédiatement adhéré en tant que bénévole. Lorsque le magasin n'existait pas, les familles allaient chercher le colis alimentaire dans leurs paroisses respectives une fois par mois. Beaucoup ne trouvaient pas dans le colis les produits qu’il leur fallait, et o trouvait des aliments jetés ça et là. En plus dans les supermarchés on gaspillait la nourriture… Le Saint-Esprit a inspiré l’initiative du Magasin Solidaire pour donner de la dignité aux personnes en difficulté économique en les rendant autonomes et responsables, pour réduire le gaspillage en récupérant les surplus et promouvoir un réseau de solidarité.
Dès le premier jour, celle-ci a été une expérience de guérison et de transformation en moi et chez les personnes avec lesquelles je travaille.
Les premières semaines, nous avons travaillé pour insérer les données de chaque famille dans l'ordinateur pour pouvoir leur donner une carte personnelle.
En tant que Sœur Franciscaine des Pauvres, ce n’était pas seulement question de remplir un papier, mais surtout de voir sur ce papier l'histoire de la pauvreté et du malaise de la personne qui était devant moi. Comme dit Mère Françoise, c’était comme "voir Jésus pauvre et souffrant" et se réjouir de voir les yeux briller d'émotion lorsque la personne avait entre ses mains sa carte à points. Oui, parce que les produits sont achetés sans argent. Lorsqu'on arrive à la caisse, pour chaque produit qu’on choisit, on note les points correspondant à la dépense effectuée.
C'est une grande joie de voir les femmes et leurs enfants faire leurs courses en choisissant librement les produits en fonction de leurs besoins. Nous sommes une grande famille, volontaires et clients. Nous faisons tout dans un environnement où l'argent ne circule pas, mais ce sont plutôt l'affection, le respect mutuel, la gratitude, la prière, le respect qui circulent et où l’on rigole beaucoup.
On a été touché par le geste d’un de nos clients qui un soir est arrivé avec une boîte de champignons disant qu’il les avait reçus mais qu’il en avait déjà dans son frigo, donc il nous les a apportés pour les donner aux autres.
Notre évêque, Domenico Sorrentino, ensemble avec le directeur et les vice-directeurs de la Caritas diocésaine, sont venus un jour nous rendre visite au Magasin et, en saluant une dame, l’Evêque lui a demandé ce qu’elle en pensait. La dame nous a donné son témoignage: une famille de 5 enfants dans une grave crise économique (en fait, elle et son mari avaient été tentés de se suicider), ils ont trouvé de l’aide chez des personnes chrétiennes et ils ont retrouvé leur dignité pouvant faire les courses sans recevoir le colis pré-emballé par d'autres. Cette expérience nous a permis de confirmer que nous avons réussi à conférer un sentiment de familiarité et de dignité à ceux qui s’approchent de cette réalité.
Nous faisons également l'expérience de la Providence toujours attentive et présente au moment le plus pressant "Sept paniers" rappelle le passage de l’Évangile » "La multiplication des pains et des poissons". Cela indique une abondance et une plénitude venant du cœur de nombreuses personnes simples qui, comme les volontaires, interviennent, par exemple, pour partager la responsabilité des frères et des sœurs nécessiteux. À présent, nous suivons plus de 350 familles.
Mais "sept paniers" indique également un défi: parviendrons-nous à nourrir autant de personnes?
Nous essayons.
Sœur Dina Mammana, sfp
Publié : 16/10/2018