En solidarité avec la campagne Blue Heart, dont le but est de mettre fin à la traite d’êtres humains, au mois de février, la Zone États-Unis a fait la promotion de Tamar’s Place, un ministère parrainé qui accueille les femmes qui luttent contre la maladie de la dépendance et qui sont impliquées dans la prostitution. Fondé en juin 2010, Tamar’s Place est situé à Cincinnati. Sa directrice, Sœur Grace Pleiman, a répondu aux questions posées sur ce ministère par Estelle McNair, directrice des Franciscan Haircuts for the Poor, qui est aussi un ministère parrainé à Cincinnati.
Beaucoup à Cincinnati connaissent les Sœurs Franciscaines des Pauvres grâce à leur système hospitalier et à leurs centres de services sociaux. Pourquoi les Sœurs Franciscaines des Pauvres étaient intéressées à créer Tamar’s Place?
Quand les Sœurs Franciscaines des Pauvres ont compris que les femmes impliquées dans la prostitution avaient besoin d’aide, nous nous sommes réunies en groupe et avons examiné la question. Les sœurs sont allées de l’avant, en confiant dans le fait que, comme notre fondatrice, Mère Françoise Schervier, nous allions aider des femmes dans le besoin. Mère Françoise avait accueilli dans le couvent des femmes travaillant comme prostituées pour les nourrir, leur enseigner un métier et leur donner la possibilité de changer leur mode de vie.
En tant que directrice de Tamar’s Place, vous jouez un rôle essentiel dans le programme. Comment se passe une matinée ordinaire pour vous?
Je suis à Tamar’s Place tous les jours. J'ouvre de 7 heures à 12 heures, et je suis rarement absente. Chaque jour, une bénévole vient travailler avec moi. Je reçois les femmes et je leur demande de quoi ont-elles besoin ; il s’agit essentiellement de besoins en nourriture et vêtements. S’il le faut, je leur donne des chaussettes et des sous-vêtements propres. Nous avons une salle de bains privée réservée à ces femmes, elles peuvent verrouiller la porte pour se sentir en sécurité et se rafraîchir. Je passe la plupart de ma journée à parler avec les femmes, à les écouter et, quand elles sont prêtes, je les aide à aller dans des centres de lutte contre la toxicomanie, tels que le Center for Addiction Treatment ou des refuges comme Off the Streets. Si une femme est arrêtée, je lui rends visite en prison et je l’assiste.
Par quelle voie les femmes entendent-elles parler de Tamar’s Place?
Quand nous avons créé Tamar’s Place, c’était au milieu de l'été, nous marchions dans la rue distribuant des bouteilles d'eau avec une carte de notre ministère attachée. Le bruit a commencé à se répandre et les femmes ont commencé à venir au centre. L'une des premières femmes qui est venue à Tamar’s Place nous a demandé en toute franchise si nous étions d’anciennes prostituées. J’ai ri et répondu: «Non, non ». La femme avait l'air confus et a demandé pourquoi nous faisions cela pour elle et pour les autres. Je lui ai simplement répondu: «Parce que nous nous soucions pour vous.» Elle a parlé de nous à tout le monde, et c’est ainsi que le bruit a couru. Les femmes ont vu que nous étions dignes de confiance, et la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. Récemment, une femme m'a dit: « Si vous n’étiez pas là, qui s’occuperait de nous? » Ce commentaire est un don que ces femmes, qui sont vraiment reconnaissantes à Tamar’s Place, ont fait à nos sœurs.
Combien de femmes par jour accueille Tamar’s Place?
Le nombre varie entre 2 et 7 par jour. Quand elles sont avec nous, les femmes se reposent. Certaines prennent des collations, et si elles le veulent, nous les laissons parler d’elles-mêmes. Nous ne faisons pas de pression sur elles pour qu’elles abandonnent la prostitution. Nous leur offrons des vivres, du repos, des conseils et des services d'orientation. Au début, quand les femmes venaient à Tamar’s Place, elles nous disaient souvent qu'elles ne changeraient jamais. Beaucoup de femmes pensaient qu'elles allaient mourir dans la rue, d’une balle ou d'une overdose. Elles ne pouvaient pas envisager un avenir décent. Peu à peu, elles ont commencé à voir quelque chose de différent: la possibilité d’un changement.
Qui vous aide, vous et les femmes de Tamar’s Place?
Nous avons de formidables bénévoles qui viennent chaque semaine, un jour donné, à 8 ou 9 heures du matin jusqu'à midi pour servir aux femmes des rafraîchissements, leur offrir des articles de toilette, des vêtements, une aide psycho-sociale, et surtout, les accueillir sans les juger afin qu’elles se reposent, se détendent et se rafraîchissent à Tamar’s Place.
Comment Tamar’s Place a fêté son 5ème anniversaire en 2015?
Tamar’s Place a organisé un dîner d'anniversaire au couvent St. Clare pour les sœurs, les bénévoles et certaines de nos femmes réhabilitées. Après un dîner à base de spaghetti et de boulettes de viande faites maison, préparé par le chef du couvent, Bill Lawrence, j'ai fait une présentation générale de l'histoire et du ministère de Tamar’s Place, suivie par des témoignages de deux des femmes réhabilitées. Au dîner, nous avons remercié nos bénévoles: les sœurs Adelaide Link, Mary Lawrence Vanderburg et Karen Hartman; nos associées Sarah Hellmann qui peint avec les femmes chaque jeudi, et Nancy Smith et Pam Rouster qui aident aussi les femmes en réhabilitation; la merveilleuse Joanne Fiorinia et l’étudiante Charlotte Zureick, qui sont venues tout au long du premier été, lors d'une pause de leurs études en travail social à l'Université de Cincinnati; et Carolyn Dawson qui a entendu parler de nous au tout début par Sœur Bonnie Steinlage pendant qu’elle lui coupait les cheveux aux Franciscaines Haircuts From the Heart. Carolyn, qui a été en réhabilitation pendant 5 ans et demi, est notre meilleur avocat car les femmes savent qu'elle "a été là." La première année nous avions vu, fin décembre 2010, 56 femmes qui étaient venues nous voir plus de 400 fois. Comment oublier Sœur Joanne Schuster, qui a négocié le loyer de notre premier site, la New Prospect Baptist Church, et plus tard Sœur Arlene McGowan qui a contribué à Tamar’s Place, notamment en nous incorporant aux ministères franciscains.
Pouvez-vous nous donner un exemple de réussite de l'une de ces femmes?
Nous avons actuellement 10 femmes en réhabilitation. Beth, un de nos meilleurs exemples de réussite, est venue nous voir dernièrement. Elle a dit que ce qui l'a le plus impressionnée dans le programme, c’était le fait que je n'étais pas la sœur catholique typique, parce que je m’intéressais vraiment à elles et que je m’étais engagée à les aider en tant que personnes et en tant que femmes. Alors, quand Beth est allée en prison la dernière fois, elle était vraiment sûre qu'elle allait arrêter. Elle avait peur, mais elle a dit: «Je dois changer. » Tamar’s Place l’a insérée dans le programme Off the Streets, elle a appris les 12 étapes et elle est allée aux réunions. Tamar’s Place a offert à Beth un endroit sûr et le soutien dont elle avait besoin pour changer sa vie.
Comment Tamar’s Place aide à réduire la prostitution et la traite?
Nous parlons de la possibilité de changement, du fait qu’il y a de l’espoir. Nous diffusons ce message aux femmes, au public et aux organismes qui nous connaissent. Tamar’s Place encourage les femmes à changer. Je rends visite aux femmes qui sont en prison. Je leur écris quand elles sont incarcérées et je leur envoie des enveloppes timbrées pour qu'elles puissent nous écrire. Nous restons en contact avec ces femmes pour les aider durant la réhabilitation.
Quel est le plus grand besoin pratique de Tamar?
Le soutien financier est toujours nécessaire pour acheter des provisions et payer le loyer.
Où est situé Tamar’s Place?
Actuellement nous sommes auprès de la Philippus United Church of Christ, dans le quartier de Cincinnati appelé Over-the-Rhin. La Philippus Church est une organisation formidable, très chaleureuse. Notre espace n’est pas très grand, mais il est suffisant pour nos exigences et les femmes aiment venir dans une église. Quand Estelle McNair, maintenant directrice des Franciscans Haircuts From the Heart, s’est installée à Cincinnati, elle était bénévole dans un organisme appelé «Stop Aids» où les femmes pouvaient prendre une tasse de café le matin. Quand cette pratique a été abandonnée, Estelle a approché Sœur Joanne Schuster pour lui demander si les sœurs pouvaient faire quelque chose pour les femmes vivant dans la prostitution à Over-the-Rhine. Pendant que nous, les sœurs discutions, discernions et prions, Estelle cherchait un endroit pour nous. Or, la New Baptist Church possédait un bâtiment qu'ils utilisaient uniquement les weekends. Nous y sommes restées trois ans jusqu'au jour où l'église a vendu le bâtiment. On nous a offert un autre endroit qui avait été rénové pour nous, mais sachant que ce second site était loin pour que les femmes puissent s’y rendre à pied, nous avons déménagé à la Philippus Church.
La toxicomanie a des effets dévastateurs à Cincinnati. Pouvez-vous nous dire comment la toxicomanie mène les femmes à la prostitution?
Les femmes avec qui nous travaillons se prostituent pour financer leur dépendance. Elles sont obligées de se prostituer pour payer leurs doses. La toxicomanie est une épidémie partout, mais on peut changer. Et quand une personne s’en sort, elle peut propager le changement. Toute personne réhabilitée contribue un peu à réduire les effets négatifs des drogues dans notre communauté. Le plus grand obstacle à la réhabilitation est le manque de possibilité de changer. Tamar’s Place leur donne un endroit solide pour se relever.
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Statistiques annuelles de Tamar’s Place
1 100 visites de femmes à Tamars’ Place
65 visites aux femmes en prison
10 femmes actuellement en réhabilitation
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tamarsplace.org
www.franciscanministriesinc.org
Publié : 05/04/2016